EP 05 : fiabilité et autorité des sources
Episode 5 en français
Invitées :
Eva BELGHERBI (🐦⬛ @berthe_chorizot), chercheuse et thésarde en histoire de l’art Hypotheses.org. Portrait : ©Ennio Grazioli
Julie GUESDON (🐦⬛ @guesdon), journaliste. En ce moment du côté de Paris-Normandie et du Club de la Communication et de la Presse de Normandie.
Animatrice :
Syphaïwong BAY (🐦⬛ @ecribouille) consultante e-marketing éditorial.
Syphaïwong :
Bonjour à tous, bienvenue dans le podcast Euphonie. Euphonie, c'est le podcast des gens qui réfléchissent trop, mais qui aiment bien en parler beaucoup. Donc aujourd'hui, nous accueillons deux invitées qui sont Eva Belgherbi, bonjour Eva, et Julie Guesdon.
Nous allons parler aujourd'hui de la fiabilité et de l'autorité des sources dans différents la partie création de contenu pour le web, notamment dans le domaine du marketing, Eva sur la partie recherche et Julie dans le domaine de l'actualité, l'information. Eva, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots s'il te plaît?
Eva :
Oui, déjà merci beaucoup de m'accueillir, de me laisser la parole, je suis ravie d'être là. Je suis Eva Belgherbi, je suis doctorante en histoire de l'art, donc je suis chercheuse, mais je diffuse aussi mes recherches sur les réseaux sociaux mais aussi via un carnet hypothèses.org une sorte de blog scientifique en ligne.
Syphaïwong :
Merci ! Julie, c'est à ton tour !
Julie :
Et bien moi aussi je suis très contente d'être avec vous aujourd'hui. Je suis journaliste, j'ai travaillé pendant sept années à Radio France, maintenant que je suis retournée en Normandie. Je travaille beaucoup avec le club de la presse sur l'éducation en médias et sur l'enquête au niveau local.
Syphaïwong :
Merci, merci beaucoup. On va démarrer dans le vif du sujet parce que nos auditeurs n'ont pas un temps de cerveau disponible forcément extrêmement long pour nous, même pour nous alors qu'on est géniales. Du coup, j'aimerais bien commencer par le début. C'est au niveau de fiabilité des sources à l'école quand on nous apprend à faire des exposés. Par exemple, on nous dit « faites un exposé, allez faire des recherches, prenez des sources, citez-les ». C'est aussi ces moments-là où on essaye d'apprendre un peu ce qu’est un plagiat et comment citer quelqu'un. C'est plutôt intéressant. Mais ça nous permet finalement peut-être de mettre en perspective ça. De mon côté, je sais que, chez moi, on encourageait beaucoup le fait d'aller dans les CDI ou dans les bibliothèques municipales. Est-ce que vous avez dans vos expériences, après on est un peu la même génération, mais où est-ce qu'on vous emmenait finalement pour faire vos exposés ? Eva, par exemple.
Eva :
Moi c'était le CDI et la bibliothèque municipale, clairement. Et on me disait aussi toujours de commencer par le dictionnaire. Donc je crois que j'ai gardé aussi cet amour de la définition. Et ouais pour mes exposés, j'allais à la bibliothèque municipale, j'allais même pas à la grosse médiathèque de la grande ville. Et en même temps, c'est vraiment là où t'es complètement prise par la main. en t'apprends aussi vers quels ouvrages t'orienter. Moi je garde surtout cet attachement de la primaire ou du collège au papier. C'est vraiment ça, dans mes souvenirs. Sinon, des fois, j'emmendais à ma mère, par exemple, pour des exposés en SVT, comme elle était pharmatienne. J'avais des superbes infos. Je ramenais des boîtes de médicaments vides. C'était super. C'est ma source fiable.
Syphaïwong :
Et Julie chez toi?
Julie :
Pareil, alors moi, j'avais pas de grande ville, donc il y avait que la médiathèque de la petite ville, puis après le CDI au collège. Et en fait, c'est vrai que c'est bien parce que du coup, on a quelqu'un pour nous aiguiller lorsqu'on se pose une question, la personne va connaître les livres qui sont présents. Et on a quand même eu assez vite accès à Internet avec Copernic. Je sais pas si vous vous souvenez de Copernic pour faire des recherches. Et Encarta, etc. Et c'est vrai que du coup, moi, je me souviens, je pense en... quatrième, cinquième ou quatrième peut-être, quand on travaillait sur les mouvements sociaux, on commençait à avoir accès à des sources digitales aussi. Et on nous faisait faire des exposés thématiques. Et donc dans ces cas-là, ça arrivait aussi que les enseignants et les professeurs nous fassent rencontrer des experts, donc des professionnels comme la maman pharmacienne Deva, en fait, du coup, des gens qui pouvaient un peu nous éclairer après avoir défriché le sujet. C'est ça que j'en garde un bon souvenir. Donc peut-être un peu moins sur le papier, mais plus proche des gens. qui pouvait aussi nous permettre d'approfondir un sujet.
Syphaïwong :
Finalement, tout ça, ça faut que ça... C'est un peu en fonction des personnes par qui on a été entouré au niveau scolaire.
Syphaïwong :
Je sens quand même ce... Ce tronc commun du CDI et des bibliothèques municipales. Où il y a certainement un côté éducation où on nous apprend à aller chercher des sources, des sources papiers, ce que j'entends, et puis des sources qui ont été publiées. Il y a un peu ce côté, il faut qu'il y ait personne, elle a été publiée, donc elle est entre guillemets subie des validations un peu successives. Alors qu'aujourd'hui j'ai l'impression que 2023, c'est un peu la... raccourcir le chemin ou en tout cas enlever des étapes, je pense notamment à des étapes, des choses plus directes ou des experts, des personnes qui se connaissent dans un sujet, peuvent s'exprimer d'elles-mêmes avec internet, par exemple.
Julie:
Ça va au-delà d'internet je pense parce qu'aujourd'hui c'est aussi plus facile d'être publié que par le passé. Moi qui suis beaucoup sur la cuisine, je vois le nombre de personnes qui publient des bouquins de cuisine sur des thématiques qui parfois sans aucune validation, ils laissent de belles bêtises parce que, y compris le circuit de validation de la publication a été modifié. Et facilité j'ai envie de dire mais pas forcément dans mon sens toujours.
Eva :
Je suis assez d'accord avec cette analyse. Moi je le vois aussi dans mon domaine, moi je ne l'ai pas précisé mais je travaille en gros, moi je fais de l'histoire de l'art et j'utilise les études de genre comme méthodologie, donc c'est à dire que je vais par exemple beaucoup parler de femmes artistes, mais aussi de rapports de genre et de stéréotypes de genre. Et c'est un peu défini comme un sujet à la mode en ce moment, mais quand je dis à la mode c'est à dire que... ça dépasse le côté scientifique, c'est-à-dire que des gens, que ce soit sur Instagram, Twitter ou quoi, s'emparent aussi de ces sujets-là. Dans une perspective féministe, par exemple, on voit beaucoup sur les réseaux, on va réhabiliter telle ou telle femme peintre, telle ou telle sculptrice, donc on va communiquer dessus en prenant un peu des sources, piocher ça et là, et des fois ces personnes en font des livres. Et moi, j'étais assez choquée. de retrouver des livres de ces personnes qui ne sont pas expertes dans des bibliothèques, par exemple, dont la Bibliothèque nationale d'histoire de l'art, aux côtés de bouquins par exemple écrits par des chercheuses qui ont fait des thèses, qui sont maintenant en poste, qui sont au CNRS.
Syphaïwong:
Derrière ça peut-être qu'ils n'ont pas le même travail que vous quelque part, étant donné que ces gens qui éditent des livres, je ne sais pas, n'importe quoi sur le féminisme, sur les artistes femmes dans le milieu de la peinture du 19ème, sujet totalement inventé aujourd'hui, qui n'est pas très original d'ailleurs, mais finalement... Les gens qui... les éditeurs, leur travail, c'est de vendre des livres. Est-ce que c'est pas une facilité aussi pour vendre des livres, de passer par des gens qui ont déjà une certaine notoriété grand public, surtout si ce sont des livres qui ont pour but d'atteindre un grand public, et parce qu'ils se disent que ces gens-là vont se charger peut-être un peu facilement de leurs promos. Ils sont... surtout si ce sont des personnes qui sont, entre guillemets, influenceurs, créateurs de contenu en général, qui sont déjà outillés pour faire de la promo.
Eva :
En fait c'est ça et je pense que tu vois autant le fait que ces livres existent moi ça me dérange pas enfin déjà parce que bon chacun fait ce qu'il veut et surtout je pense que ça peut parler à un grand public effectivement un public non spécialiste mais à moi ce qui me choque en fait vraiment là dedans surtout c'est que bon déjà tu as des facilités pour publier en fonction du nombre de followers que tu as et surtout c'est des livres vraiment qui se retrouvent dans des bibliothèques qui s'adresse à des étudiants qui tendent vers une spécialisation dans ce domaine-là. Alors qu'en parallèle, tu vois... Après, moi je suis d'accord au niveau des sources, c'est là, à mon avis, où il y a quand même un enjeu, c'est regarder dans quelle maison d'édition ça a été publié, qui a accompagné ce projet éditorial, et puis à nouveau qui est la personne qui publie. Si dès la quatrième découverte, on te donne le hat de l'instagrammeuse ou de l'instagrammeur, sans forcément détailler d'autres productions écrites ou d'autres productions scientifiques, tu sens que ce n'est pas une publication que tu vas utiliser, par exemple pour citer dans ton mémoire de fin d'étude.
Syphaïwong :
Un peu documenter sa propre fiabilité.
Julie:
Oui, c'est ça.
Eva :
Il faut quand même faire super attention. Moi, si jamais je mets mon @ Twitter sur une publication, ça ne va pas être la même chose que si je mets mon... Enfin qui en plus est sous pseudo. Ça ne va pas être le même contenu que si je mets mon prénom, nom et mon rattachement universitaire sur une publication. Enfin, ça ne va pas être le même contenu parce que je ne vais pas aller vers le même public.
Syphaïwong:
Julie de ton côté quand tu dois faire un article, un dossier, comment tu vas chercher les gens que tu souhaites interviewer, enfin comment tu les choisis, voire même comment tu exclus des personnes en fait, potentiellement.
Julie:
En fait, ça va dépendre de l'urgence qu'on a à réaliser un article. J'ai travaillé dans l'audiovisuel, donc je sais que par moments, on doit être très rapide. Et c'est ce qui fait qu'on se retrouve parfois avec des interlocuteurs qui sont en fait le bon client ou la bonne cliente qui a la bonne formule et qui intervient un peu partout. Donc c'est bien de l'avoir. C'est bien de l'avoir pour ça. Donc on essaie de l'avoir parce qu'on sait que cette personne, elle va s'exprimer correctement, qu'elle va être... plus disponible puisqu'elle l’a déjà été, etc. Et c'est ce qu'on retrouve souvent sur les médias télé. On a un expert qui, un jour, s'en appelle les ologues. En fait, un jour, il est climatologue, le lendemain, il est spécialiste en aviation et le surlendemain, il est spécialiste en vaccination. Donc, pour caricaturer. Donc ça, c'est la partie, le travers un peu. Maintenant, quand on a le temps de creuser, ce qui se passe, c'est qu'on va commencer par défricher une actualité parce qu'on fait un sujet par rapport à une actualité. on va essayer de défricher ce qui est dit au niveau universitaire. Est-ce qu'il y a des études qu'on a publiées récemment sur la question ? Est-ce qu'il y a des personnes qui se sont exprimées sur le sujet ? Est-ce que dans d'autres médias où on a parlé, on va commencer comme ça à identifier. Par exemple, voir que l'Ifremer, qui est un peu l'institut de référence autour des questions de maritime aujourd'hui, ils en ont traité, ils en ont parlé, OK. On va contacter ces instituts, donc avec les contacts presse. Eux nous recommandent des gens. Voilà, je voudrais discuter avec vous, par exemple, de l'effleurécent salgale sur les côtes botaniques actuellement liées à la hopite de chaleur, est-ce que ça a un lien, etc. Ils vont nous dire, la personne pour en parler, c'est telle ou telle universitaire dans tel centre de recherche. Ça, c'est la partie quand on a le temps, parce qu'il faut le temps de les contacter, il faut que le temps qu'eux nous donnent les bons interlocuteurs, qu'on les contacte, qu'on cas un rendez-vous, qu'on prenne le temps de faire l'interview, de se rencontrer, qu'on traduise tout ça. éventuellement qu'on fasse relire, parce que dès lors qu'on est avec des experts, on essaie quand même de vulgariser ce qui est expliqué par ces experts. Et par moments, c'est pas toujours évident pour nous. Moi, je ne suis pas experte en algues et donc je vais peut-être mal comprendre quelque chose. Donc ça, plus ensuite la publication. Ça, c'est facile quelque part. C'est facile parce qu'on se base sur une étude universitaire ou sur un chercheur. Dans ces cas là, ça se fait plutôt bien. Dès lors qu'on arrive sur des thématiques un peu plus sociétées ou alors qui ne vont pas toujours être traitées. C'est un peu plus complexe, il faut trouver des témoins. Ces témoins, c'est qui? Quand c'est un fait divers, c'est facile en fait. Les témoins, ce sont les personnes qui ont vu l'incendie ou qui les voisins, ou les personnes qui ont vu un accident de la route, ou les personnes qui connaissaient les victimes dans les cas de crime. Ça va être des choses comme ça. La police, l'enquête, les avocats dès lors qu'on arrive sur du judiciaire, ce sont des sources qui sont des sources plutôt fiables, entre guillemets, parce qu'elles sont proches de ce qui s'est passé. Et bon, avec des éléments différents. Le témoin sera jamais aussi fiable que la personne qui a vécu l'action. Parce que le témoin a vu une partie, mais n'a pas tout vu. La personne qui a vécu l'action, elle a tout vu, tout entendu. Le policier ou l'avocat ne pourra pas tout révéler. Il va révéler des choses qui seront à son avantage. L'avocat va défendre son client. De fait, un avocat de la défense ne va pas dire les mêmes choses qu'un avocat de l'accusation. Partie civile, etc. Donc on aura des éléments différents. Le témoin va dire ce qu'il a vu ou ce qu'il croit avoir vu, et parfois, ce qu'il a vu ou ce qu'il croit avoir vu qui peut lui servir. On a le cas, là, très récemment, de cette femme qui a été retrouvée, et en fait, c'est son époux qui, visiblement, savait où elle était. Et donc, dans ces cas-là, il a passé 48 heures sur les plateaux de télé. Peut-être qu'il aurait dû passer un peu plus de temps à être auditionné par la police avant. et c'est des choses comme ça qui sont toujours un peu délicates. N'empêche que lui, dans sa façon de s'exprimer sur les médias, et ça c'est intéressant, c'est qu'il était plutôt sur le côté il faut qu'on la retrouve, etc. Je ne sais pas où aller. Ce que je veux dire, c'est qu'il a un enjeu. Il a un enjeu à s'exprimer de cette manière-là. Et ça, c'est quelque chose qu'on doit toujours garder en tête quand on interroge des gens, surtout sur des sujets qui ne sont pas des sujets carrés, universitaires, déjà établi, etc. et même sur des sujets universitaires. Un universitaire qui va répondre à des questions, va répondre à des questions par rapport à son travail. Son travail, il est fait par rapport à des hypothèses auxquelles il répond. Donc il a un intérêt à ce que sa vérité soit la vérité qui soit disséminée à tout le monde. Donc c'est là où même les sources universitaires ne sont pas forcément toujours fiables. Et on essaie de nous toujours garder ça en tête. D'où l'intérêt de croiser, recouper, poser la question à différentes personnes. Quelqu'un est mis en cause, on va essayer de contacter cette personne pour savoir quelle est sa version des faits. Et moi on m'a souvent appris en école de journalisme et puis par l'expérience que finalement en fait, entre la vérité de l'un et la vérité de l'opposant, la vraie vérité elle est quelque part entre les deux. Parfois c'est équilibré, parfois c'est pas équilibré et c'est là toute la difficulté de la source et c'est tout l'intérêt de ne jamais avoir une source unique quand c'est possible.
Syphaïwong :
Ce que j'entends c'est qu'il y a un aspect où en fait on est tous biaisés.
Julie :
Bien sûr.
Syphaïwong :
Même avec la meilleure intention du monde sans forcément avoir caché le corps de sa femme. Mais en fait on est tous biaisés quelque part et ça me rappelle un peu ce truc sur les interviews d'enfants. Où finalement l'enfant lui, quand on lui pose une question, il va aussi... Est-ce qu'il veut bien répondre à la question? Mais qu'est-ce que bien répondre à la question? et se dire la vérité ou se dire ce qui va plaire à la personne en face.
Julie :
C'est aussi ce qui se passe avec les adultes.
Moi, je vois souvent des questions, des interviews quand je pose la question, je vois la personne en train de me répondre ce que j'attends que la personne me réponde. Et donc, ça m'arrive souvent de leur dire, attendez, là, vous êtes en train de me dire ce que vous pensez que je veux. Moi, j'aimerais oublier ça, oublier le micro, oublier mon calepin. Racontez-moi vraiment ce qui s'est passé. C'est difficile parce que la personne va se dire, il faut que j'aie l'air intelligent ou il faut que je réponde bien. C'est aussi la même chose pour l'enfant et ça crée déjà un billet. Et puis on a aussi le biais de confirmation. Le biais de confirmation, c'est que quand on ne fait pas attention, on va augmenter nos questions, on va augmenter la recherche de nos sources et on va aller vers ce qui nous paraît cohérent. On va oublier la contradiction de ça. Et ça aussi, c'est quelque chose qui crée un biais supplémentaire.
Syphaïwong :
Dis-moi Eva, comment tu fais quand tes témoins ils sont morts?
Eva :
Après, juste pour revenir sur ce que vous disiez sur le fait d'être biaisé, il faut savoir que par exemple dans la recherche, on est aussi biaisé, c'est les savoirs situés. C'est-à-dire que moi, dans ma thèse, je produis beaucoup d'hypothèses, mais c'est aussi des hypothèses qui sont formulées grâce à ce que j'ai lu, les sources vers lesquelles je me suis dirigée, et c'est aussi un parti pris. C'est pour ça que souvent, que ce soit pour les sciences humaines ou même pour ce qu'on appelle les sciences dures, même si ça n'existe pas, tout ce qui est maths, etc., on est forcément biaisé et ce n'est jamais objectif. Mais ça, c'est quelque chose qu'on tend à oublier de temps en temps, même quand on interroge des experts ou des personnes avec un certain bagage de publication et de savoir. Ce sont des gens qui sont... Enfin, on est toujours biaisé déjà parce qu'on est des humains. et puis même dans la méthodologie de la recherche en fait. On s'inscrit dans des courants méthodologiques, donc on fait forcément des choix. On va privilégier tel ou tel corpus par rapport à un autre. Et moi l'avantage d'avoir, enfin l'avantage, j'ai toujours tendance à dire que j'aime bien travailler sur des artistes qui sont morts, parce que mine de rien, même quand tu travailles sur des artistes vivants, l'entretien, même si c'est vraiment, ça je pense que Julie... tu sauras l'expliquer beaucoup mieux que moi, mais l'entretien, tu as aussi tout un déroulé. Et effectivement, les gens en face de toi, l'artiste en face de toi peut aussi te dire des choses pour qu'après on se souvienne de lui ou d'elle, de telle ou telle manière. Donc, c'est aussi une façon de forger son image. L'avantage de travailler sur les personnes mortes, les artistes mortes du 19e siècle, c'est que, je ne dis pas qu'on a plus d'objectivité parce que... En fait, on est hyper aussi tributaires des sources qu'on va avoir. Moi, par exemple, je travaille sur des sculptrices de la fin du 19e siècle. J'ai un corpus de 50 artistes. Il y en a peut-être 4, 5, pour lesquels on a des archives, des lettres, de la correspondance. Et sinon, les autres, c'est vraiment beaucoup plus compliqué d'aller chercher telle ou telle source, même des fois leur date de naissance. Donc... Peut-être que l'avantage que j'ai, c'est que j'ai moins de comptes à leur rendre finalement. Parce que quand tu es face à des artistes vivants ou vivantes, il y a quand même un rapport aussi qui s'installe. Moi je suis très contente de ne pas avoir ce rapport. Oui, ça pose aussi la question de l'accès aux sources. Moi, je ne retrace pas les biographies de chacune de ces artistes. J'essaie de voir comment est-ce qu'elles s'insèrent dans mes hypothèses, si elles les confirment ou non. Mais des fois, c'est un peu compliqué, donc ça demande beaucoup de patience et beaucoup de créativité aussi.
Syphaïwong :
Ce que je vois, il y a un côté en commun entre vous deux, c'est l'aspect disponibilité de la source, soit par sa propre disponibilité, parce qu'on a un peu plus de temps pour chercher, pour aller chercher des gens, des gens différents, peut-être qui sortent un peu des sentiers battus, des personnes déjà beaucoup interviewées ou beaucoup accessibles, du temps pour croiser les informations. Eva, de ton côté, peut-être la disponibilité des informations elles-mêmes. S'il n'y a pas d'archives, il n'y a pas d'archives, tu ne vas pas inventer des trucs. Et puis, il y a finalement un côté de spectre des sources possibles. Et moi, de mon côté, sur la partie création de contenu sur le web, en fait, il y a eu des déclarations de Google assez officielles quand ils ont lancé ce qu'ils appellent le EAT. E-A-T, c'est pour Expertise d'Autorité et J'ai toute confiance. Récemment, ils ont même rajouté un note E pour l'expérience des gens, pas l'expérience, est-ce que ta page web charge vite ? Qui compte aussi mais bref. Mais au final, j'avais fait des recherches là-dessus et c'est vrai qu'il y a un côté notamment sur le web via le réseau social mais aussi via Google. Parce que par exemple Google, son premier travail, c'est un peu d'essayer d'indexer toutes les pages du monde. et de les classer dans un certain ordre en fonction de la réponse qui serait a priori la plus adaptée pour ta question. Mais il y a ce genre de mission, de défi technique d'aller classer toutes les pages du monde à la base. Et ce que je vois, ce que je constate, enfin je ne suis pas la seule à la constater, il y a plein de gens qui ont vu ça, c'est que ça crée une illusion de l'illimité, parce qu'on se dit, Internet finalement est illimité, c'est le monde entier. C'est tous les gens de la Terre entière qui publient. Donc ce qui apparaît en première page ou ce qui apparaît un peu plus loin, et potentiellement si j'ai un peu plus de temps pour regarder, il y a vraiment cet aspect où, puisque j'ai accès à les limiter, donc ce que j'ai recherché, ce que j'ai vu, a priori c'est le plus pertinent parce que c'est le plus pertinent par rapport à la totalité de l'information qui est publiée en ligne. Mais pourtant il y a des bulles dont on n'est pas forcément conscient parce que l'expérience l'aspect expérience de l'utilisateur voulant être optimisé. T'as tout ce qui est cookies, suivis, profilage de personnes, publicité ciblée, le fait que les résultats peuvent être orientés par rapport à ton historique, toutes ces choses-là, t'as localisation typiquement. Et même les réseaux sociaux où on va finalement s'abonner à des gens qui nous intéressent. Certes... Il y a des gens qu'on peut bloquer parce qu'on s'engueule avec eux, mais aussi qu'on peut bloquer juste parce qu'on les aime pas. Mais finalement, on nourrit un peu ces bulles. On nourrit ces bulles et je pense que c'est totalement comme ça que naissent les complots les plus farfelus parce que parce qu'en fait ce sont des gens qui restent, c'est un entre-soi qui devient qui est informel, c'est un entre-soi virtuel, mais qui existe. Et comme il est virtuel, il est pas tangible, peut-être qu'on en a moins conscience et peut-être que c'est plus dangereux. Je sais pas. mais il y a un peu cet aspect-là et finalement, connaître les bonnes sources, je trouve, sur Internet, c'est vraiment très compliqué. Moi, par exemple, j'ai des réflexes, mais qui sont des réflexes de personnes éduquées par rapport à ce sujet, de personnes intéressées par le sujet, donc je me suis aussi auto-éduquée en allant voir les différentes méthodes de chacun et chacune pour... voir comment elles font et essayer d'avoir moi-même mes propres outils par rapport à ça. Et puis tout simplement de personnes qui travaillent dans le milieu et donc disposent même des outils techniques, des choses pour essayer soit de m'ouvrir le spectre, soit justement de le restreindre pour exclure des choses que j'ai identifiées comme étant pas intéressantes pour moi. Mais j'ai cette capacité-là, je ne sais pas si... Quand on était au CDI par exemple, parmi les trucs qu'on apprenait, je pense que vous avez appris ça au CDI. En vrai, c'est d'utiliser les opérateurs de recherche dans le moteur de recherche. Et au niveau grand public, très peu de personnes ont conscience qu'ils peuvent utiliser ça dans Google.
Julie :
Mmh.
Syphaï :
Même certains professionnels ne le savent pas, c'est fort dommage pour eux, mais c'est un véritable outil et on peut aussi l'utiliser dans les moteurs de recherche des réseaux sociaux. C'est ce que je fais régulièrement, par exemple, sur Twitter, quand je fais une recherche ou je cherche des témoignages. où je cherche des personnes qui ont parlé d'un certain sujet, qui auraient partagé un article ou quoi, je fais un tri par langue par exemple, il suffit de mettre langue, L-A-N-G, deux points, F-R-E-N, etc. Donc ça c'est des choses qui sont faisables, mais je suis éduquée pour le faire. La seule chose c'est que quand on est un utilisateur, entre guillemets lambda, comme certains aiment dire Madame Michu que moi j'aime bien rebaptiser Jean-Michel, Bonjour à tous les gens Michel qui nous écouteraient d'ailleurs. Nous vous saluions, j'adore vous citer. Mais c'est vraiment pas facile, surtout qu'au niveau algorithmique, en fait, il y a un peu, je pense qu'il y a une illusion de se dire que Google, les moteurs de recherche en général ou les robots en général, tous les algos, on a un peu cette illusion qu'ils savent alors qu'en fait ils apprennent en permanence. Mais ils apprennent à partir de quoi? À partir de ce qu'on leur donne. Ce qui fait que c'est comme des enfants, des petits enfants. Et ce qui fait qu'ils ont un peu de capacité de réflexion comme un enfant, mais ils nous font confiance à peu près à ce qu'on raconte, ce qui fait qu'on peut être totalement biaisé. Et c'est comme ça qu'à une époque aussi sur les moteurs de recherche, quand vous tapiez IVG ou interruption volontaire de grossesse ou avortement, ce genre de choses. on tombait sur des sites de faux planning familial, familiaux, avec des faux médecins ou des médecins qui étaient totalement... totalement... qui avaient des avis contre la loi actuelle en France
Eva :
..
Syphaïwong :
et qui réorientaient des gens avec des recommandations qui n'étaient pas validées par les autorités de santé. Vous remarquez que j'ai parlé de sorte à ne prendre aucun parti dans ce que je raconte, mais je pense que vous l'aurez deviné quand même. Mais donc, et donc l'intervention, ce qui s'est passé c'est que Google, au niveau Google, qui représente je crois 97 ou 98% des parts de marché en France en termes de moteur de recherche, sachant qu'il y a trois quarts des gens qui font des recherches d'abord sur Internet avant de faire des recherches ailleurs quoi. Donc oui, on peut dire qu'ils sont en monopole, on peut dire ça totalement. Et en fait, il y a eu une intervention manuelle. Disons qu'en général, les choses sont algorithmiques, elles se mettent à jour un peu en continu. C'est des choses qui tournent, qui tournent, qui tournent. Mais pour certaines thématiques, il y a eu des actions manuelles et souvent, en fait, elles sont faites grâce à l'intervention des gens, ou d'associations, ou de pétitions, ce genre de choses, où ça finit par être remarqué, remarqué, validé. Ah oui, effectivement, il y a un truc à faire. Et donc, c'est des interventions manuelles sur l'algorithmique. il y a eu la même chose pour le terme « lesbienne ». Vous savez que le terme « lesbienne » fait l'objet de multiples fantasmes auprès de personnes – je vais le dire un peu bouffe peut-être – de multiples fantasmes érotico-pornographiques. Et à un moment donné, c'était très compliqué de taper le mot « lesbienne » sans avoir des images pornographiques directement. le lesbianisme n'est pas une pratique pornographique de divertissement pour le public, mais et donc ce qui s'est passé c'est qu'il y a eu une intervention également manuelle sur l'algorithme pour qu'on puisse afficher des choses de type définition, histoire, encyclopédie, actualité, ce genre de choses. Donc il y a la même chose au niveau par exemple des moteurs pour les filtrer pour les enfants. Si vous connaissez le moteur de recherche qwant...
le moteur de recherche français etc. Il y a un Qwant kid, c'est un peu le Netflix enfant quoi. C'est que il y a ce côté où si je tape par exemple Annecy, ce qui va remonter ça va plus être les choses à visiter Annecy, la température du lac et le patrimoine Annecy 1, ça ne va pas être des enfants se sont fait poignarder dans un parc. vous voyez pourquoi, si je sais filtrer, mais il y a ce côté un peu,
Julie :
C'est vrai.
Syphaïwong :
et c'est pour ça que souvent c'est installé dans les écoles, etc. Mais encore, en fait, il y a ce côté où c'est un filtre, c'est un filtre qu'on a décidé. Moi, ce qui m'effraie un peu, c'est que là, pour l'instant, ce sont des filtres qui nous... C'est un point de vue occidental, où ce sont des filtres qui nous « arrangent », parce qu'ils sont relativement progressistes. Je suis sûre qu'il y a des tas de gens qui ne sont pas du tout contents avec le fait qu'il y ait eu un filtre comme ça sur l'IVG. Mais il y a certains pays qui ne sont pas aussi dentaux. J'essaie de ne pas faire de jugement là-dessus, mais par exemple, il y a des pays qui ont des politiques qui influencent directement le marché. et il y a des choses qui ne sont pas accessibles, c'est de la censure finalement d'État quoi. Il y a les moteurs de recherche. Et le fait qu'on puisse croire que le moteur de recherche donne toute l'information du monde, si des choses n'existent pas parce qu'elles ne sont pas indexées, elles n'existent pas. Comme la Finlande. Elles n'existent pas, n'est-ce pas?
Julie :
Avez-vous déjà rencontré des Finlandais?
Syphaïwong:
avez-vous déjà rencontré des Finlandaises? Alors personnellement j'ai rencontré une Finlandaise, mais maintenant que j'y pense, elle est peut-être Suédoise.
Julie :
Mais est-ce que tu es... ouais c'est ça, est-ce que tu es sûre?
Eva :
Moi j'adore la Finlande, j'ai une correspondante finlandaise pendant un certain temps.
Syphaïwong :
Ouais. T'es sûr?
Julie :
Peut-être que c'est un robot, peut-être que c'est une IA.
Syphaïwong :
Tu es sûr de ça? C'était un bot? Tu sais les chats de bots, c'est pas si récent.
Eva :
Ah ah!
Syphaïwong :
En même temps, ils ont fait un pays avec des lacs.
Eva :
Ben ouais.
Eva :
Mais peut-être que tu vois, d'ici 40 ans avec le réchauffement climatique, ça n'existera plus quoi.
Syphaïwong :
Peut-être que ce complot est en fait une prédiction, malheureusement.
On a bien les Pays-Bas qui sont sous l'eau.
Eva :
Ouais.
Syphaïwong :
Eh, êtes-vous déjà allé à Amsterdam?
Julie :
Bah oui, forcément.
Eva :
Avez-vous déjà rencontré des habitants?
Syphaïwong :
Avez-vous déjà rencontré des gens qui font du vélo partout? Non? Je sais pas.
Julie :
Ça n'existe pas à personne tout le temps en voiture?
Syphaïwong :
Tout le monde est en voiture. Bah oui, comment tu fais tes courses sinon?
Julie :
Et puis comment tu fais avec tes enfants?
Sur ce que tu disais, Syphaï, sur la méthodo, les opérateurs de recherche sur Google et sur Twitter, etc. En fait, ce qui est intéressant là-dessus en plus, c'est que nous, on est formé à ça et on a l'habitude de passer par Google, chercher sur Twitter. Tout le monde n'est pas sur Twitter déjà. Et on a quand même eu une modification des pratiques qui fait que l'information vient à nous avec les réseaux sociaux, avec les pouces sur les applis, avec tout ça. Et donc, je pense qu'il y a de plus en plus de gens qui ne savent pas rechercher une information. et qui vont s'informer via mon petit frère par exemple qui a 19 ans, on s'informe beaucoup sur TikTok. Il est très au fait de l'actualité mais tout passe par TikTok. TikTok, je suis pas sûre, enfin pour avoir déjà testé, je suis pas sûre que le moteur de recherche ait des opérateurs très performants aujourd'hui pour exclure des informations, identifier un peu mieux, choisir une langue, ce genre de choses. Il y a ça, il y a des contenus comme Instagram où ils vont censurer des choses, par exemple des tétons. Et donc tout ce qui va être autour de l'art féminin nu qui fait que ça pose... Ça pose quelques questions quand même parce qu'on n'est pas neutre. Quand c'est une entreprise privée qui décide pour nous ce qu'on doit avoir et ce qu'on ne doit pas avoir selon une certaine morale qui n'est pas la nôtre forcément, ça a des répercussions sur la manière de qu'on perçoit l'information, sur notre accès aux sources, sur notre accès aux experts et à l'expérience aussi. On parlait d'expérience sur Google. En fait, on est arrivé beaucoup dans un univers numérique où chacun a envie de partager sa propre expérience. Et par moments, L'empirisme d'une situation peut prendre le dessus sur des études de façon assez incohérente ou irrationnelle. Mais moi je l'ai vécu comme ça, donc pourquoi ce serait pas vrai? Et pourquoi les autres, ce qu'ils racontent, ce serait plus vrai? Pourquoi ça aurait plus de valeur que mon expérience à moi? Et ça aussi c'est problématique en termes de traçabilité de l'information, de recoupage de sources et d'experts, parce que chacun a son avis. Comment on fait pour décider que telle la vie a plus de valeur que telle la vie, si ce n'est par des sources et par ces études? Ces études sont financées par qui et dans quel but? Et quand un institut nous propose une étude qui, derrière, paye les salaires des personnes, est-ce qu'il n'y a pas une logique marchande? Est-ce que ce n'est pas influencé par un lobby? Et tous ces éléments-là, en fait, sont très difficiles à trouver pour du grand public. Nous, on est sensibilisés à ça.
Syphaïwong :
Mais ça me rappelle un sujet à ce que j'avais mené. J'avais, j'ai fait une conférence dans un meet up Google Search Central à Paris. Je crois que c'était en octobre de l'année dernière, 2022, pour les gens qui écouteraient ce podcast en 2027. Je ne sais pas. Espérons. Mais c'était le titre, c'était indexer, être indexé pour exister. C'est un peu sur ce que j'ai dit tout à l'heure, l'aspect que si tu n'es pas indexé, tu n'existes pas. Et j'avais pris, pour exemple, Donald Trump. Vous savez, cet auteur, l'auteur de ce grand poème, de ce haïku qui est covfefe. Et donc Donald Trump s'est fait supprimer son compte Twitter à une certaine époque, quand des gens ont mis le bazar dans un grand établissement administratif, etc. Et donc Twitter, entreprise privée, a décidé de supprimer le profil de Donald Trump. Et ce que j'avais remarqué de particulier, ce que j'avais pointé du doigt quelque part, c'était d'une part… Oui effectivement, c'était le choix du président de l'époque des États-Unis d'utiliser principalement son compte privé, qui était Donald Trump à l'époque, et non pas son compte POTUS, le président en tant que président du USA, avec le numéro de nombre de présidents, parce que les Américains aiment beaucoup ça, étonnamment. Moi je ne sais pas du tout combien tiennent Emmanuel Macron, je n'en sais rien. Mais eux ils adorent ce détail. Et donc... Moi ce que j'avais pointé du doigt c'était ok, à cet instant donné ça nous arrangeait de faire supprimer le compte de Donald Trump parce que effectivement c'était le bazar, c'était potentiellement dangereux etc. Mais en fait ils n'ont pas remis non plus. Et ce qui est aussi très particulier, c'est que sur Twitter, en fait, les contributions du président et de la première dame sont en fait archivées. Ils sont en fait archivées sur Twitter. Il y a POTUS et FLOTUS, First Lady. Ils sont en fait archivés, donc ça fait POTUS, Nia Nia Nia, tel numéro, FLOTUS, Nia Nia Nia. Et donc, ils sont archivés et c'est hyper intéressant parce que ça crée finalement une archive. des déclarations publiques du dirigeant de la première puissance mondiale. Donc quelque part c'est important aussi, c'est de l'archive, c'est de l'information. C'est comme garder les lettres de quelqu'un, tu parlais des correspondances tout à l'heure Eva, c'est un peu comme garder les lettres de quelqu'un, ses déclarations publiques, ce qu'il aurait dit à la radio, etc. Et pour Donald Trump, en fait, on a effacé Donald Trump, mais du coup on n'a pas les archives de ce qu'il a raconté non plus. Ça veut dire que quelque part on peut pas... Comment prouver qu'il a dit un truc aussi affreux potentiellement? Dire dans l'histoire, dans sa biographie, il a dit un truc affreux ou dire non, non, monsieur, vous ne pouvez pas dire ça parce que vous avez dit ça. Je sais qu'il y a ce truc qui ressort avec l'affaire, avec les affaires avec Nicolas Sarkozy ou en termes de condamnation, où les gens s'amusent à ressortir justement l'époque où il a dit qu'il était contre le fait qu'on diminue les temps d'incarcération, etc. Mais finalement, avec Donald Trump, on ne peut pas faire ça. quelque part ça nous arrange, ça peut arranger une certaine frange de la population et en même temps, de quel droit une entreprise privée fait ce genre de truc. Et parce que peut-être que demain, cette entreprise privée va soudainement faire supprimer toutes les correspondances de tout le monde, supprimer de l'information. Quand il y a eu, par exemple, le mouvement, typiquement les mouvements du printemps arabe, qui ont beaucoup eu lieu via les réseaux sociaux pour des actions politiques. Est-ce que si l'entreprise privée décide que ben non... le printemps arabe et les manifestations sont trop dangereuses, donc on va filtrer tous les trucs qui ont un lien avec le printemps arabe. Est-ce que ça nous aurait arrangé autant, est-ce qu'on l'aurait aussi bien pris? Donc finalement, il y a un peu cet aspect-là, qui choisit, qui moi me dérange un petit peu, mais c'est la même chose avec le public de toute façon.
Julie :
On a un exemple récent là-dessus. on a un exemple récent là-dessus, lorsque l'Europe a légiféré sur les droits d'auteur, les droits voisins, c'est-à-dire qu'en demandant à des entreprises comme Google, comme Facebook, etc., de reverser une partie de leurs revenus publicitaires aux médias, puisqu'ils étaient aussi responsables du succès de Google et de Facebook. Pourquoi on va sur Google? Pour chercher des infos, notamment de l'actu, mais pas que. Pourquoi on va sur Facebook? Parce qu'on y trouve les photos de mon petit-neveu, de les blagues de mes copains et aussi de l'information. Donc par rapport à ça, l'Europe a légiféré, la France a été le premier pays à appliquer cette directive européenne. Je crois que c'était à l'automne 2019, si je me trompe pas, mais il faudra vérifier. Et en fait, ce qui s'est passé, c'est que Google a dit au moment de l'été, OK, donc à l'automne 2019, vous allez demander à ce qu'on applique droit voisin, mais nous, on va arrêter de vous référencer. Si vous voulez vous être référencée quand même. il faudra indiquer sur votre site, via une balise, que vous êtes d'accord pour qu'on référence votre contenu sans contrepartie. Et il y avait une discussion à laquelle j'avais assisté, qui était assez incroyable mais que je peux comprendre, de plusieurs éditeurs de presse qui se disaient, oui mais donc du coup, on a différents niveaux d'indexation possibles. Le titre, le titre et le chapeau qui est donc cette espèce de résumé début de l'article qui vient planter le décor. Le titre, le chapeau, la photo, sachant que l'image est quand même très importante pour le référencement. Le titre, le chapeau, la photo et quelques paragraphe de texte ou tout le texte, de façon infinie. Et donc, je vais dire, maintenant, il faut qu'on indexe tout parce que tout ce qu'on écrit est important, même le dernier paragraphe d'un article, donc il faut qu'on indexe tout. Donc, on va prendre le plus possible. Donc, en fait, on accepte tout notre contenu à Google. N'empêche qu'à côté de ça, les éditeurs de presse, notamment, se sont réunis. on négocie avec Google, on réussit à obtenir un accord qui était vraiment des miettes, mais c'est quand même la première fois que des ideères de presse d'un pays réussissaient à obtenir un accord financier de contrepartie vis-à-vis de Google. Donc c'est pas rien. Depuis, les négo continuent, il y a plein de choses qui sont en jeu autour de ça, mais il y a eu ça. Dans le même temps, Facebook n'a absolument pas réagi à cette directive bientôt appliquée. Et le jour où c'est passé... Tous les médias qui étaient répertoriés au titre de la commission paritaire comme médias, notamment les médias de presse écrite, pas l'audiovisuel, mais donc Le Monde, Le Parisien, Ouest France, L'Observateur du Valenciennois, le Sud-Ouest, etc. En gros, tous les titres de presse locaux, nationaux qui étaient référencés n'avaient plus leur vignette quand ils partageaient un lien sur Facebook. Le lien était tout cassé, comme s'il y avait un bug à côté de ça. Des blogs qu'on peut déplorer comme par exemple Français de Souches. eux avaient toujours leur vignette puisque ne sont pas des médias reconnus au titre de la commission paritaire. Et donc ça a duré quelques jours, mais pendant quelques jours on a eu ce côté où les publications des articles qui venaient de médias étaient moins bien valorisés au niveau graphique sur Facebook. C'est quand même un attaque vis-à-vis de la démocratie finalement quand tout l'accès à l'information dépend d'une logique financière de ce genre.
Syphaïwong :
Surtout quand tu sais que le reach soit la portée naturelle d'un post sur Facebook est de moins de 10% sans publicités. Donc de base, t'as 100 abonnés, tu publies un truc, s'il n'y a pas eu de publicité, t'as moins de 10 personnes qui le voient. Donc c'est d'autant plus cruel si en plus tu n'encourages pas le clic pour de l'information, mais après ça c'est aussi une question de configuration au sens où... Comment fonctionner? Est-ce qu'on doit fonctionner par liste blanche ou par liste rouge en fait? Est-ce qu'on doit exclure ou inclure? Est-ce qu'on doit prendre tout le monde et trier? Ça c'est pas facile. Côté culture, Eva, sur les gens qui partagent des expériences, tu vois par exemple, admettons moi je dis Oh là là, le Grand Palais a réouvert! Le Grand Palais a réouvert, est-ce que la carte Sésame existe encore? Je poste ça sur mon blog. Est-ce que j'ai des chances d'être cité par d'autres gens comme étant une super personne adoratrice de la peinture?
Eva :
Ça dépend quelle personne. Après, les blogs, en tout cas moi dans le domaine, qu'à savoir l'histoire de l'art, la culture, ça a quand même aussi une certaine autorité. Je pense par exemple à des blogs comme Louvre pour tous ou même le blog d'Elisabeth Lebovici. Parce que après nous on a aussi une presse culturelle qui est un peu compliquée, je ne saurais pas vraiment comment le dire, mais souvent dans ce que tu vois, je ne sais pas, dans tes kiosques, dans la presse écrite, c'est beaucoup d'incitations à aller voir tel ou tel expo, mais il n'y a pas vraiment un... un regard critique non plus sur ces expositions-là. Ça va être beaucoup de belles images et beaucoup, en fait, finalement de promotion des expositions et des musées sans forcément avoir une analyse derrière ou sans avoir forcément, tu vois, quelque chose d'un peu personnalisé. Donc ce qui marche quand même bien dans la culture, c'est quand tu fais un retour d'expérience d'une expo, tu dis pourquoi est-ce que ça, ça t'a plu, ça, ça ne t'a pas plu. C'est du contenu que le grand public peut aussi apprécier. Mais après, est-ce que ça a valeur d'expertise? Par exemple, récemment, il y a eu au Palais de Tokyo un débat sur est-ce que les influenceurs culture, même si maintenant on doit dire créateur ou créatrice de contenu, sont les nouveaux critiques d'art, par exemple. parce que ce serait soi-disant plus accessible au grand public ou je ne sais pas ce genre de choses. Mais en fait, déjà moi personnellement, je ne pense pas, je pense que ce sont des métiers qui sont complètement différents. Déjà, critique d'art, pour moi c'est quand même autre chose que juste reprendre des dossiers presse, les agrémenter et après produire une communication pour le musée. Puisque pour moi ça c'est une tâche de prestataire, ce qui est bien aussi. du mal à croire que tu vas aller critiquer une exposition d'un musée qui te paye en contrepartie pour la promouvoir. En tout cas, ce ne sera pas forcément le même rapport de pouvoir. Alors que l'avantage des critiques d'art, c'est d'avoir cette liberté aussi de la presse, et cette liberté d'analyse des expositions et d'apporter son propre bagage aussi et sa propre expérience. Moi je lis pas mal surtout de ce qu'on appelle des blogs hypothèses qui sont en fait du blogging scientifique. C'est hébergé par des institutions dont le CNRS par exemple est partenaire. Et c'est en fait un WordPress concrètement. Et tu peux poster ce que tu veux, même si... enfin ce que tu veux oui et non. dans le sens où pour ouvrir déjà ce carnet, tu dois justifier d'une affiliation universitaire ou équivalente. Tu dois en gros expliquer aussi ce que tu vas écrire dessus, ta position. Tu dois aussi dire dans quelle case tu te ranges, si c'est l'histoire de l'art du 19e siècle contemporain, ce genre de chose, pour éviter au maximum les blogs. sur lequel tu raconterais n'importe quoi. Parce qu'en fait, les biais que tu publies sur ces blogs, en fait, tu peux... Enfin, c'est couvert par le droit d'auteur, c'est référencé aussi. Moi, par exemple, je sais qu'on contacte plus sur ce que j'écris sur mon blog que les articles que j'ai publiés dans des revues spécialisées. Parce que je pense qu'il y a aussi une facilité d'accès sur Internet. Et aussi ce que je... Pardon, ce que je publie sur mon blog, ça... C'est quelque chose d'un peu à côté de mes propres recherches de thèses qui elles sont vraiment, comme je disais tout à l'heure, plutôt des hypothèses, enfin vraiment une recherche sur le long cours. Alors qu'une exposition, voilà, c'est ponctuel, il y a un côté un peu événementiel. Et du coup, ça permet aussi une production peut être moins travaillée. que l'écriture d'une thèse qui dure quand même depuis six ans. Donc heureusement que j'ai pas des blogs, enfin des biais de blogs en germe depuis, ou en brouillon depuis six ans, parce que sinon c'est un peu inquiétant. Mais voilà, enfin moi je lis quand même des blogs hypothèses, des carnets, on appelle ça des carnets hypothèses, que ça fait plus chier que j'imagine. Parce que là, on a vraiment une identité. d'un site et on sait que derrière on a aussi à peu près des gens sérieux quand même qui nous exposent leur point de vue mais des choses par exemple que tu vas pas retrouver dans la presse ou sur des sites je sais pas comme Beaux-Arts magazine ou ce genre de choses. Je sais pas si on a le droit de citer des titres mais c'est pas d'exemple.
Syphaïwong :
Je sais pas s'il y a une réglementation sur ce qu'on raconte dans les podcasts. Je sais pas.
Julie :
Bah non, non t'as le droit, après si tu fais de la publicité faut le dire, c'est pas la publicité tu dis ce que tu veux.
Syphaïwong :
On n'a pas dit qu'il fallait y aller l'acheter.
Julie :
Tu n'es pas financé par Beaux-Arts magazine, c'est pas vrai?
Syphaïwong :
Hum... Je ne crois pas...
Julie :
Tu vas pouvoir les contacter après le podcast pour dire on parle de vous, donnez-moi de l'argent.
Syphaïwong :
Donnez-moi de l'argent, sinon je coupe. Après, si vous me donnez... si les gens me donnent de l'argent en général, je vais pas m'en plaindre, faut pas... mais ça va pas forcément influencer mon opinion, voilà.
Julie:
Ça m'amène à une réflexion ce que tu disais Eva, sur le côté donc les blogs ou par rapport aux titres de presse etc.
En fait c'est une question de mémoire aussi. Tu parlais tout à l'heure c'est pareil sur le compte de Donald Trump, sur tout le contenu qu'on peut publier nous-mêmes sur internet et qui est un contenu qu'on peut traiter, mais qui a tendance à disparaître très vite. Moi j'ai travaillé sur un documentaire qu'on a fait en ligne, un webdoc. Ce documentaire, quelques années plus tard, il est plus accessible. J'ai travaillé sur une carte que j'avais fait qui répertoriait des producteurs qui faisaient à l'époque de la vente au circuit court. Quatre ans plus tard, la carte n'est plus accessible non plus. Et en fait, il y a beaucoup de contenu qui va avoir une durée de vie qui est très courte. Finalement, derrière, pour retrouver de l'archive, si on n'a pas des experts qui viennent via un blog ou autre, documenter ça avec un peu plus de hauteur, un peu plus de précision, je ne suis pas sûre que la presse suffise pour les garder. En tout cas, ce n'est pas ce que j'ai constaté de mon côté.
Syphaïwong :
Alors de mon côté, j'ai deux retours à faire. C'est au niveau, je dirais, de pérennité des contenus. Moi c'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup. C'est un sujet qui m'intéresse beaucoup. Enfin je suis très intéressée par tout ce qui est sujet de production, production de savoir et de connaissance sur internet, la vie que ça va avoir, le mémoire de recherche que j'avais fait à l'époque en 2010. C'était il y a longtemps. En 2010, ça c'était… C'était le déchet Internet, jeter, recycler, archiver le numérique, le recyclable. Enfin, parce que, enfin bref, c'était ça. Et c'est un sujet qui m'intéresse toujours aujourd'hui. Et c'est vrai que la pérennité des contenus, nous, en marketing, par exemple, il y a des dépenses budgétaires parfois très importantes pour la production de contenu qui s'arrange. qui pourrait s'apparenter à du webdoc, mais orienté publicitaire, qu'on appelle du brand content, du contenu de marque. Et en fait, très régulièrement, je vois des opérations qui après la fin de l'opération, soit d'une collection, soit d'une saison commerciale quelconque, telle que Noël, je ne sais pas, en fait, le truc est totalement juste supprimé. Et juste supprimé ou pas maintenu, ou alors on n'a pas prévu un budget de maintenance après. Et à chaque fois je leur dis, mais déjà c'est moyen, c'est très dommage intellectuellement en termes de pour le travail des gens et tout, mais même de façon financière, même si on ne prend que le point de vue purement financier de rentabilité d'une marque, il y a ce côté, je jette à la poubelle tout ce que je fais tout de suite parce que j'ai pas… alors que ça crée de la valeur en fait, il y a un peu de la valeur aussi, de la valeur immatérielle, de la valeur intellectuelle d'avoir produit ce genre de contenu. quand on est propriétaire de documentaires, propriétaire de photos, etc. ça crée une valeur en fait pour des marques, pour un patrimoine. Voilà, c'est comme ça. Typiquement, par exemple, moi j'habite en Champagne. C'est valoriser le fait d'avoir des, je ne sais pas, Veuve Cliquot les affiches sur des décennies. En fait, ça a de la valeur, c'est de l'histoire aussi. Parce qu'il y a des choses qui se transmettent par ça. Donc déjà sur la partie maintenance, pérennité des contenus, il y a une partie qui est purement technique ou qui est purement logistique où il y a pas mal d'acteurs du numérique qui juste ne prévoient pas des budgets pour maintenir les trucs. Et on oublie aussi parfois que Internet, ça a un coût. Oui, c'est facile de publier, mais ça a un coût. C'est un coût de renouvellement, même de non-domaine, c'est un coût de maintenance de serveurs, etc. Tout ça coûte de l'argent. Donc parfois, on peut se dire... On peut croire que l'archive numérique est géniale parce qu'elle se transmet, etc. On a le cloud, on a la blockchain et compagnie. Mais si on n'en tient pas, il n'y a plus rien. Il n'y a plus rien, les choses s'évaporent. Et c'est pour ça que dans les bonnes pratiques de sauvegarde, même les gens qui ont beaucoup de sauvegarde via le cloud, on leur conseille aussi d'avoir des sauvegarde dites froides sur un disque quelque part, à côté, régulièrement. Et si c'était… Parce que si le cloud, la blockchain était aussi infaillible, si le fait de mettre en ligne des trucs était aussi infaillible de part des politiques de sauvegarde en ligne, etc., était aussi fiable, on n'aurait pas eu autant de problèmes ou de questionnements quand les serveurs d'OFVH ont brûlé. Voilà, mais donc il y a cette partie là de termes de pérennité. Et aussi, côté BNF, côté BNF, Bibliothèque nationale de France, avec ses petits projets comme Gallica, etc. En fait, ils ont aussi des robots, des robots qui collectent des infos sur le web. Je crois qu'ils les appelaient les robots moissonneurs. Et typiquement, moi, mon blog, il est référencé dedans. J'avais une fiche Galica avant d'avoir mon nom dans un auteur. d'un livre parce que, parce qu'en fait je suis référencé en tant qu'auteur de base via mon blog. Et j'ai un numéro, ouais c'est trop bien, j'ai un genre de numéro ISBN mais pour le numérique.
Julie:
La classe!
Syphaïwong :
Je crois que c'est ISSN, ouais j'ai ça.
C'est que un jour j'ai reçu un email qui dit bonjour nous sommes la bibliothèque nationale de France, bibliothèque François Mitterrand. dernier arrêt ou presque, après c'est pour prendre le RER, personne n'est là, sauf si t'habites loin. Mais donc désolé pour les gens qui habitent loin. Mais ce qui fait qu'il y a cet aspect où j'ai reçu un mail qui me prévient. Moi j'ai rien demandé, j'étais ravie évidemment, je vais pas me plaindre. Mais je me suis dit, en fait je me suis dit, mais toutes les merdes que je publie aussi sur mon blog, et ça va aussi être catalogué, archivé par la BNF, c'est l'enfer. Ils m'ont sûrement sélectionné pour certains trucs pas mal. Mais il y a quand même des choses où peut-être ça rentre un peu dans mon intimité, vous voyez?
Julie :
J'ai eu la même situation sur Twitter.
Syphaïwong :
Donc j'étais pas forcément...
Julie :
Pareil, quand tu as des gens qui te suivent des instituts et qui sont en train de te dire « Oula, ils sont en train d'archiver ce que je suis en train de raconter », ça...
Syphaïwong :
On n'aime pas forcément. Et c'est un peu... Moi, j'ai trouvé ça un peu intrusif parce qu'ils m'ont pas demandé mon avis. Parce qu'il y a ce côté, tu vois, tu parlais à Julie de la reconnaissance des médias, les gens qui étaient répertoriés en tant que médias et donc ils ont suivi certaines réglementations, etc. Ils ont quand même fait des dossiers pour dire on a un média reconnu parce que ça permet notamment le fait d'avoir des subventions, ce genre de choses. Mais moi, on m'a rien demandé, en fait. On m'a rien demandé, soudainement un truc que je publiais, ils ont dit quelqu'un a décidé que c'était assez pertinent pour être archivé au côté BNF, certes c'est flatteur, mais en même temps j'ai peut-être pas envie.
Julie :
Oui mais c'est public. Et dès lors que c'est public, comment tu peux faire valoir l'effet que tu n'as pas envie? C'est compliqué ça, c'est aussi une discussion compliquée.
Syphaï:
Et c'est publié!
Julie :
On a un peu oublié que tout était public et il y a des choses qu'on n'a pas envie de voir affichées. Moi quand je travaillais à France Bleu et qu'on a mis en place les réseaux sociaux de façon un peu plus importante, une citation qu'on prenait souvent c'est « Est-ce que ce tweet, vous aimeriez le voir en 4 par 3 dans votre rue? » Et en fait c'est une bonne manière de se dire est-ce que je publie, est-ce que j'ai envie de se soit récupéré par d'autres personnes. On l'oublie ça, on l'oublie normalement sur Instagram, quand on fait nos stories de personnes bourrées, etc.
Syphaïwong :
Et on oublie aussi qu'à l'inverse, on oublie que ce qu'une personne publie n'est pas la personne. Pour citer, alors ça vous fera rire, mais pour citer le journal intime de Virginia Woolf...
Julie :
Coucou Andrea !
Syphaï:
Dans l'introduction, en fait, c'est lui qui a trié les passages. Ce n’est pas le journal intime de Virginia Woolf, c'est le journal d'un écrivain. Donc il a sélectionné des passages précis pour qu'on voit le personnage qu'elle était, mais surtout sur un certain point de vue. Et il y a vraiment une longue introduction. qui dira, et même parfois aussi des notes de bas de page, ça c'est dédicacé, aussi des notes de bas de page qui précise que ce n'est pas elle. Ce sont des extraits, ce sont des choses qu'elle a écrites à certains moments de sa vie. Oui c'est bien elle qui les a écrites, mais ce ne représente pas toute sa personnalité, toute sa vie, toute sa vie publique et toute sa vie privée. Et je pense que ça c'est un truc qu'on oublie aussi au niveau, typiquement pour revenir à notre sujet, de fiabilité et d'autorité des sources. c'est que ce qui est dire à un moment donné est juste un morceau d'une certaine vérité, un morceau... Et que finalement, dans tout ça, on essaye un peu de faire ce qu'on peut, quoi. Enfin, c'est un peu... On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, et on essaye de au moins, au moins tenter de faire au mieux avec tout ce qu'on a, toute l'interprétation qu'on peut en avoir. Et moi, je pense que c'est ça qui me fait un peu peur dans la fiabilité, ce que finalement dire, « OK, cette personne est fiable. » c'est une autorité, c'est une source d'autorité. Finalement c'est du positif, c'est de dire toi je t'ai identifié comme étant une source mais moi ce qui me fait peur c'est ce côté popularisation des choses qui disent vraiment n'importe quoi, d'une part et aussi les biais qu'on a nous-mêmes en tant que lectorat ou audience de croire que c'est la vérité. C'est comme ça que par exemple des comptes Instagram on a l'impression que des influenceurs ont une vie parfaite. leur posture naturelle est d'être totalement guéné, et mince et machin et tout ça, alors que eux aussi ont des ballonnements et font caca. Enfin c'est évidemment. En tout cas j'espère pour eux. Sinon je pense qu'ils ont une vie difficile.
Julie :
je leur souhaite. Alors, il y en a qui le font pas et quand on parlait.
Syphaïwong :
Ce n'est pas les gens qui respirent.
Julie :
Non tu sais c'est cette influenceuse qui vendait ses pets et qui a fini par avoir des problèmes gastriques à cause de ça. cette information essentielle.
Syphaïwong :
Alors c'est fou à quel point c'est gênant, incroyable, bizarre et fascinant.
Julie :
C'est ça, c'est exactement ça.
Syphaïwong :
Ouais, ouais, ouais. Alors, ça sera le sujet peut-être d'un autre podcast. Peut-on du marché des flatulences?
Eva :
Je pense que ça marchera. Je rebondis juste sur l'archivage internet de tout ce que tu publies est publique. Et d'ailleurs moi en fait, sur Twitter, je suis en semi-anonymat, c'est-à-dire que j'ai mon hâte qui n'est pas mon nom, prénom. En revanche, sur mon profil, il y a clairement un lien qui renvoie à mes recherches parce que j'utilise aussi ce compte pour diffuser mes recherches, puisque mes universités ne le font pas. Donc du coup je l'ai pris en charge. Mais du coup je voulais pas changer mon hâte, même si je pense que la plupart des gens, c'est qui je suis sur Twitter. Parce que justement je ne voulais pas être référencée directement avec mon hâte en tout premier résultat. Et là je viens de vérifier quand on tape mon prénom ou nom, ce qui apparaît c'est mon carnet hypothèse, notamment. Et c'est aussi les colocs dans lesquels je suis intervenue ou ma thèse aussi, enfin mon référencement sur test.fr parce que je n'avais pas forcément envie que des étudiants ou même des profs tombent tout de suite, enfin directement sur mon compte Twitter, même si concrètement ce que j'ai publié, pareil, je l'assume dans le sens où je me dis que ce que je publie, je suis capable de le dire dans la vraie vie en live. il n'empêche que voilà, là j'ai pété un plomb parce que j'ai perdu mes lunettes de soleil, est-ce que vraiment je considère ça comme des activités scientifiques ? Non.
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Julie :
La question de la présence numérique aussi effectivement et de ce qu'on veut que l'on retrouve sur nous, c'est une question sur Twitter, tu peux passer en public, en privé. Avec les journalistes que j'accompagne moi en enseignement à l'EHJ Pro Montpellier, quand on est sur cette question-là, je les invite à avoir un compte LinkedIn où ils publient leurs réalisations principales, où ils sont, quelle est une partie de leur CV pour la fiabilité. Je les invite, s'ils ont un compte privé, sous pseudo ou autre, à avoir aussi un compte... Parce que de fait, c'est ce compte là qui va apparaître lorsque lorsqu'on cherche leur nom, à faire attention à ce qui est pas forcément, qui soit pas référencé sur les pages jaunes, ce genre de choses. Parce que malgré tout, c'est une profession où on peut être parfois menacé. On a des mères qui sont menacées, qui se retrouvent avec leur maison incendie. Ça peut arriver aussi avec des journalistes quand Nadia Dam a vu passer son adresse et des messages type on va venir vu les tafies sur le forum jeuxvideo.com 12-25. Donc c'est important de savoir, aussi d'en avoir conscience. Et il y a aussi la question, qu'est-ce qu'on fait de toute cette... cette donnée qu'on a archivée ? Pour repartir sur un côté scientifique, pour faire un analyse par rapport à ça, en ce moment, il y a beaucoup de scientifiques qui essayent de travailler l'ADN environnemental d'un échantillon. Par exemple, vous prenez un litre d'eau de mer et ils vont séquencer tout l'ADN qu'il y a dans ce litre d'eau de mer. OK, super. Sauf qu'ils ont tellement de résultats qu'ils n'ont pas le temps, ils n'ont pas les moyens aujourd'hui. de pouvoir traiter les résultats. Donc ils ont des résultats qui s'empilent, qui s'empilent, qui s'empilent, qui s'empilent, qu'ils ne pourront sans doute jamais traiter quasiment. Et je pense que c'est pareil pour tout ce qu'on peut tous collectivement publier sur Internet aujourd'hui.
Syphaïwong :
Moi ce que je conseille souvent aux gens, c'est par exemple des fois il y a des marques qui ne veulent pas créer des comptes sur les réseaux sociaux, voilà parce qu'ils n'ont pas forcément les moyens ou les ressources actuellement pour les alimenter, ce que je comprends. Mais ce que je leur conseille c'est de au moins créer les comptes. pour avoir le contrôle de ses comptes avec leur nom, etc. parce que l'usurpation d'identité est également un fléau. Donc, au moins avoir le... Essayer de contrôler autant que possible ce qui est raconté sur soi-même, en prenant la main sur ces comptes-là. Et après, au niveau visuel, si on commence à devenir un personnage un peu public, d'avoir une photographie qu'on aime bien de soi. libre de droit. Parce que si vous avez un jour l'honneur d'avoir votre propre fiche wikipédia, il va prendre a priori une image qui sera libre de droit ou avec les licences qui lui permettent de le faire. Et c'est comme ça qu'on a des photos de célébrités avec des images sur wikipédia affreuses. Parce que c'est la seule image libre de droit ou l'image qui sont autorisées à prendre au Comic Con fait avec un iPhone et un zoom terrifiant.
Eva :
On a déjà vu des photos comme ça.
Syphaïwong :
Donc essayer d'avoir une photo qu'on aime bien de soi, qui est diffusable et de la même manière des trucs typiquement sur les fiches Google My Business où on cherche une carte, les commerces locaux. Dans tous les cas, créez votre fiche et mettez des images que vous aimez bien de votre propre marque ou de propre établissement parce que comme ce ne sont que des choses par contribution, ça serait dommage que vous soyez un restaurant. la seule photo qui soit là, ce soit le jour où le serveur a fait tomber l'assiette par terre.
Julie :
Et au-delà de ça, quand tu parles donc de tes marques et du fait qu'elles soient présentes sur Internet, qu'en cas de situation de crise, nous c'est ce qu'on dit souvent aux marques, parce qu'en fait aux entreprises quelles qu'elles soient, en tant que journaliste, j'ai besoin d'informer d'un sujet. Par exemple, je suis normande, il s'est passé il y a quelques temps, on a un syndic d'entreprise qui s'appelle Lubrizol, vous avez peut-être entendu parler, puisque ça a été quand même assez documenté, si...
Syphaïwong :
C'est un peu fumeux ton sujet.
Julie :
C'est un peu fumeux mon sujet pour donner leur version de l'histoire. Hein, t'as vu, jeune mot, tadam ! Une petite version de l'histoire. En fait, nous, comme on a un temps réduit de passage d'antenne sur un sujet, on va faire avec toutes les sources qu'on nous propose et on va essayer d'équilibrer tout ça. L'équilibre, ça veut dire d'aller parler aux gens qui dénoncent, aux gens qui se défendent, à une sorte d'autorité entre deux. Donc on a cette espèce d'équilibre y-partite. Si l'une de ces trois sources d'information n'est pas présente, il nous manque quelque chose et on laisse plus de place aux deux autres. Donc quand tu es une entreprise, que tu es face à une situation de crise, si tu ne gères pas ta communication, qui prend le relais ?
Les institutions et les gens qui t'en veulent. Et donc nous, on fait avec ce qu'on a. Donc à un moment, les marques qui ne veulent pas nous parler quand il se passe, ou les entreprises, quand il se passe quelque chose de grave, je pense que ça leur desserre plus qu'autre chose. Parce que notre boulot, on n'est pas juge, on n'est pas un tribunal, on est là pour informer. Donc on est là pour essayer de faire parler tout le monde.
Syphaïwong :
Ouais mais j'ai eu une discussion un peu similaire avec un proche où on écoutait l'actualité et on se disait ça et la personne en face de moi me disait ça, pourquoi, je comprends pas pourquoi on en donne la parole à ce genre de personne et tout, ce qui est peut-être dit sur le coup de l'émotion parce que sur l'instant t'es en colère, ça t'énerve d'écouter quelqu'un, enfin voilà. Et moi je me disais mais non justement en fait, même les gens avec qui on n'est pas d'accord, il faut qu'on les écoute. Alors c'est pas parce qu'on les écoute qu'on valide ce qu'ils racontent, mais il faut qu'on sache qu'ils existent en fait. C'est non, on est totalement biaisé.
Julie :
Sinon tu peux pas argumenter contre ce que tu disais tout à l'heure.
Syphaïwong :
Voilà. Ouais.
Eva :
Alors sur les bulles mais aussi sur qu'est ce que toi tu détermines comme source fiable et je crois
Julie :
sur les bulles.
Eva :
qu'effectivement ici on touche aussi un point de est ce que tu as source tu la détermines comme fiable parce que tu es d'accord avec elle ou est ce que c'est une source fiable parce que tu as je sais pas balayé plusieurs critères qui font que oui, c'est une source fiable. Parce que moi, je le vois aussi, même dans la recherche, en histoire de l'art, parce que c'est finalement ce que je connais le mieux, mais des fois, t'as des auteurs qui tendent à citer toujours les mêmes sources parce qu'elles leur sont familières et parce qu'elles appuient vraiment leurs propres hypothèses. mais il n'y a jamais vraiment de contradictoire, ou au contraire, il y a une descente de certaines sources, parce qu'on juge que de toute façon, c'est inutile. Alors que là où il y a un équilibre justement des... je trouve des sources, je ne sais pas si je m'exprime vraiment bien, mais en gros, par exemple, moi je travaille sur les sculptrices, mais je ne travaille pas que sur les sculptrices, je travaille aussi sur les sculpteurs. Donc je lis aussi des livres qui ne parlent que de sculpteurs, par exemple. parce que ça enrichit aussi mes propres hypothèses, notamment sur les stéréotypes de genre et ce genre de choses. Mais quand on parlait justement de l'accès à l'information sur Internet, et ce qui, à mon avis, aussi est à l'origine de ces bulles, c'est que des fois, tu vas dire de telle ou telle journaliste, je suis d'accord avec elle, c'est une source fiable.
Syphaïwong :
Est-ce que ça serait pas aussi un peu la différence, la subtile différence entre fiabilité et confiance? Parce que tu vas écouter quelqu'un, une source en qui elle t'a confiance, avec plus de crédit, alors que l'autre tu sais qu'à priori il a un meilleur CV, un meilleur parcours, en tout cas en termes d'expériences qu'il aurait vécu pour parler d'un sujet, mais en fait tu le connais pas, donc... qu'est-ce que t'en sais que cette personne-là n'est pas en train de te bombarder, même si a priori il sait. Parce que finalement, il y a un truc, c'est que sur le déclaratif, quelqu'un peut aussi te mentir sciemment aussi. Enfin, il y a aussi le mensonge.
Julie :
Tout le monde peut te mentir si elle ment, c'est vrai.
Eva :
Mais justement, c'est là aussi où il faut faire attention dans quel domaine tu es, parce que par exemple dans le domaine scientifique, t'es pas censé faire confiance aux chercheurs ou à la chercheuse, mais la confiance doit pas être personnelle, mais doit venir en fait de ses travaux. Et c'est pour ça que moi, enfin je le répète assez souvent, mais moi j'aime bien les notes de bas de page et souvent c'est la première chose que je vais voir avec la bibliographie utilisée, c'est si la personne... va citer des travaux récents, même de chercheurs concurrents. Si la personne va citer des sources telles que des master ou des thèses pas encore publiées, par exemple, ce qui montre que la personne va quand même chercher l'information de la façon la plus pointue et ne se contente pas juste de citer ses potes.
Syphaïwong :
Moi j'aime bien, c'est un peu ce que tu viens de dire, de toute façon je t'aime tout court, mais c'est l'idée que, tu vois, par exemple, j'ai l'impression que je suis un peu en formation continue de la vie, j'ai envie de dire, mais dans nos métiers, quand je lis une étude de cas, quand j'écoute une conférence, quand je lis un article, un post de blog ou de LinkedIn ou peu importe, il y a un moment où j'ai besoin d'identifier. si cette personne me donne son avis ou si elle me donne ses conclusions. Et parfois, je pense que les gens n'ont même pas vraiment conscience parce que c'est humain, c'est la vie. Et un truc que tu penses, tu penses que c'est comme ça. Ton expérience t'ajoute en effet que ton avis est plus orienté de cette manière. Tu penses que c'est ta conclusion. Mais en fait, en vrai, tu n'es pas mature dessus, mais tu n'en sais rien. tu n'es pas mature dessus et peut-être que ta vraie conclusion arrivera plus tard. C'est pour ça qu'une thèse peut durer aussi des années parce que... Et heureusement quelque part, quelque part, c'est son rôle en fait à la thèse de durée des années. Julie, quand tu faisais l'audiovisuel, c'était son rôle à ce que tu produisais, d'être fait rapidement parce qu'il fallait sortir des trucs rapidement pour une audience. Et voilà, chaque timing a ses contraintes.
Julie :
Oui. Mais après, sur la question de qu'est-ce qui est une... À quel moment tu termines ta source comme étant une source fiable et à quel moment tu fais confiance? Nous, en tant que journaliste, notre rôle, c'est pas de dire voilà la vérité, notre rôle, c'est de dire voilà l'effet, faites-vous votre propre vérité à partir de tout ce qu'on peut vous donner. Ça, c'est vraiment le principe d'un article, que ce soit sur un temps court ou sur un temps long. Et derrière, qu'est-ce qui va faire qu'on va choisir, je reviens sur ce que disait Eva sur le côté scientifique, qu'est-ce qui va faire qu'on va choisir de parler d'une étude ou pas? c'est aussi sa validation par les pères. Les pères, ils ne vont pas forcément valider la conclusion de l'étude, ils vont valider la méthodologie. Et c'est tout le débat qui a eu lieu autour de Vidyar Rahul sur son traitement du Covid, etc. et sur sa méthode de faire et du fait que dès lors qu'un malade arrivait en phase où il devait se dater mis dans le coma ou autre, en fait, il sortait de l'institut. De fait, ça biaisait son étude par rapport à ces chiffres, tout cet élément-là, c'est vraiment ça. qu'est-ce qui fait qu'une étude est une bonne étude et donc on peut considérer que ces résultats sont fiables? C'est une question de méthodeau. Et cette méthodeau, si on ne la donne pas, si elle n'est pas appuyée, comme les notes de bas de page, si on ne sait pas comment la personne a procédé pour arriver à cette conclusion, pour moi c'est un problème. Et je vois des gens sur internet proposer des formations, s'auto-improviser expert d'un sujet, proposer des formations, citer... un livre, donc lire un passage d'un livre d'une autre personne, donc en fait, name drop le nom de quelqu'un, ils prennent un expert du sujet, ils ne vont pas citer les études à laquelle cette personne fait référence dans son livre, mais une petite citation de la personne qui en fait est une sorte d'avant propos de résumé un peu amalgame, un peu vendeur aussi. Et pour moi c'est un peu problématique, et aujourd'hui on trouve beaucoup de contenu sans aucune validation de méthode. Et c'est ça en fait qui devrait...
Syphaïwong :
Alors je suis désolée, je vais être très dure, mais pour moi les personnes qui ne savent pas identifier une source dans nos métiers de créateurs de contenu en général, pour moi c'est de la pure incompétence. Voilà, je vais le dire.
Julie :
Oui, mais ces personnes ont le même niveau de parole que nous quelque part aujourd'hui.
Syphaïwong :
Voilà. Exactement, mais je le dis très franchement, pour moi c'est de l'incompétence. C'est de l'incompétence.
Eva :
C'est comme les photos, tu vois, sur n'importe quel support, que tu as sur Instagram ou sur Twitter. À un moment, il faut aussi citer quels sont les travaux en cours sur tel ou tel sujet.
Syphaïwong :
Ouais et puis surtout si tu ne l'assumes pas, tu peux dire ceci est mon avis, ceci est mon point de vue, ceci est quelque chose que j'ai constaté en faisant ceci, cela, j'y ai passé que trois heures, c'est les prémices de peut-être d'autres réflexions plus tard, tu peux le dire. Tu peux être transparent là-dessus, dire que oui c'est biaisé, mais c'est ce que j'ai constaté parce que c'est une expérience et une expérience vaut aussi quelque chose. Mais c'est pas la...
Julie :
Mais elles sont des expériences, c'est pas la vérité.
Syphaïwong :
Tu la pondères pas de la même manière. Et vraiment, moi, c'est un truc, je pense que le fait de pas savoir faire cette différence quand tu produis de l'information, quand tu produis du contenu, de ne pas savoir assumer ces choix-là, pour moi, c'est de l'incompétence. Et voilà, je suis désolée de ça. Je suis désolée. Parce que typiquement, moi qui produis par exemple du contenu pour des marques, pour des entités... Je sais qu'ils sont bisé. Je sais que derrière c'est pour promouvoir quelque chose, etc. Mais je le sais quoi. Je ne vais pas faire croire que ça a une valeur encyclopédique. Je vais faire le meilleur que je puisse. Je vais faire tous les efforts possibles pour aller chercher des sources, pour aller faire les croisements que je veux, pour aller faire relire, etc. Je vais faire tous les efforts que je peux. Mais je sais que l'objectif derrière est autre. je sais que ce n'est pas de l'information.
Julie :
Mais t'as une limite, parce que du coup, tu iras pas parler de sources qui vont à l'encontre de ton client quelque part.
Syphaïwong :
Même si j'essaye de... Voilà, elles sont triées aussi les sources. Bien sûr, elles sont triées. Et en général, mais ça c'est une conscience professionnelle et personnelle qui nous, en fait, en tant qu'agence, on fait aussi ce choix que si ce sont des gens, on laisse ceux qui ont décidé parce qu'on est prestataire, c'est pas à nous en fait. C'est pas à nous de décider pour eux des choses, c'est à eux de prendre leurs propres décisions stratégiques. Après on les conseille, on leur dit ce truc-là peut être interprété de telle manière, ce truc-là de telle manière, maintenant c'est vous qui gérez. Par contre, nous on se dédouane, on dit vous avez dit cela quoi. Et en termes de compétences, justement de trait d'information, de création, de rédaction de contenu, pour moi c'est hyper important parce que nous ce qu'on publie, même si c'est le client à la fin qui publie, etc. On est responsable juridiquement, on a une forme de responsabilité, il y a quelqu'un qui a validé à un moment donné. Là, très récemment, par exemple... Enfin, très récemment, il y a un an, ce qui est dans la vie de ma boîte, et très récent en fait. Mais nous, on a des contrats de prestations en tant que producteurs de contenu. On a des contrats de prestations. Et par exemple, j'ai établi une certaine clause dans nos contrats, qui est qu'à partir du moment où la chose est en ligne, c'est qu'elle a été publiée et validée par le client, donc c'est lui qui prend la responsabilité. Voilà. Parce que ce n'est pas moi qui ai cliqué, quoi. Et je fais en sorte vraiment que ce ne soit jamais nous, en tant que prestataire, qui cliquons sur le truc « mettre en ligne ». Et on a eu un client comme ça qui a voulu changer la clause en disant que si jamais quelqu'un portait plainte contre un des trucs cités pour diffamation ou pour n'importe quoi d'autre, ce soit nous en tant que prestataire qui soit responsable et qui en plus prennent en charge les frais juridiques sans limite.
Et du coup, la clause était écrite de sorte que ça concernait tout le site Internet. Donc ça veut dire qu'un truc qui a été écrit par un autre prestataire ou par le client lui-même, quatre mois plus tard, ou un truc qu'il a validé, que nous on a livré, qu'il a modifié, en fait, on était responsable quand même.
Eva :
Ok, bon délire quoi.
Syphaïwong :
Et là, là, là, voilà, en fait, derrière tout ça, derrière, je pense qu'il y a aussi un côté ou derrière l'autorité. Je pense que ça va peut-être être la conclusion, parce que ça fait longtemps que les gens nous écoutent, mais... il y a ce côté où ne pas oublier que ce que nous publions, ce que nous sélectionnons, ce que nous mettons en ligne, on a une part de responsabilité là-dedans. Essayons au moins de faire le mieux possible. Après bien sûr, on sera tous biaisés, on a tous nos expériences, on a tous notre humeur du moment, on ne peut pas encadrer telle personne. Mais au moins on essaye d'être le plus impartial possible, même en sachant que c'est totalement impossible.
Julie :
En diffamation, il y a une clause qui est la clause de bonne foi qui fait que quand un juge évalue est-ce qu'on a diffamé ou pas, ce qui va aussi prendre en compte c'est est-ce qu'on a dit cette information parce qu'on pensait de bonne foi qu'elle était vraie et parce qu'on ne voulait pas nuire à l'autre mais parce qu'on pensait que l'information était nécessaire et c'est ça en fait, cette clause de bonne foi. Oui, on fera des erreurs, bien sûr, on en fait tous et toutes et la question derrière c'est est-ce qu'on l'a fait pour tromper volontairement des gens ou pas? Et c'est
Eva :
Alors qu'on ne peut pas être spécialiste de tout non plus et qu'on a quand même besoin d'autres sources en fait. Tu ne peux pas être spécialiste de tout à un champ.
Julie :
Merci d'avoir regardé cette vidéo!
Syphaïwong :
Ouais. Donc je vais conclure par cette belle phrase. Enfin, je vais essayer de faire en sorte qu'elle soit belle. Mais en gros, faisons notre travail. Cherchons les sources, croisons-les. On ne sait pas tout, mais au moins, allons pas mentir aux gens.
Eva :
Ha ha ha! Oui! Bravo!
Syphaïwong :
Attendez, je vais mettre le clapping pour nos auditeurs.
Syphaïwong :
Ouais! J'espère qu'ils apprécieront. Ah non, j'ai relancé. Zut. Oh là là, je suis régisseuse,
Régisseuse débutante encore.
Syphaï :
Je suis ravie de vous avoir accueilli aujourd'hui. Eva, ton carnet Hypothèse, on peut le retrouver sur Hypothèse.org qui me semble.
Eva :
Ouais, il s'appelle un carnet genre et histoire de l'art.
G H D A. Descriptif, pas très beau, mais efficace.
Syphaïwong :
Efficace, très bien, ça va se retrouver facilement. Je te félicite pour tes qualités en référencement.
Julie, Julie, où est-ce qu'on peut te retrouver?
Julie :
sur Google.
Julie :
Non, sur Twitter tant que Twitter ne m'agacera pas trop, sur Mastodon aussi où j'ai créé mon compte mais que j'ai alimenté assez peu, sur LinkedIn. Globalement c'est les trois principales portes d'entrée pour voir un peu ce que je fais parce que en tant que pigiste je bosse sur différents projets. Donc si je liste tous, on en a pour une demi-heure.
Syphaïwong :
Oh bah on fera un épisode bonus si tu veux.
Julie:
Super !
Syphaïwong :
Très bien. En tout cas merci à vous, merci aux personnes qui sont restées jusqu'au bout de l'enregistrement.
Julie:
Bravo à elle!
Syphaï:
Bravo à elle, bravo! Et puis, message global, restez hydratés. Et mettez de la crème solaire.
Eva :
Merci, à très vite!
Syphaïwong :
Bonne journée! Merci!